La région du nord-est de la République Centrafricaine est sous le contrôle des rebelles du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique. Ouvertement opposés au pouvoir de Bangui, ils surveillent militairement l’accès à leur territoire et ont chassé plusieurs représentants de l’Etat. Pourtant, la présence des fonctionnaires de l’éducation nationale est tolérée. Les professeurs qui enseignent dans l’unique lycée de la région, celui de la ville de Ndélé, sont envoyés par le ministère central. Deux forces sont donc impliquées dans la gouvernance de cet établissement : les rebelles, qui ont le pouvoir dans la zone et l’Etat par le biais de ses agents. Cette étude vise à comprendre, à partir du cas du lycée de Ndélé, comment cette double gouvernance de l’éducation fonctionne au niveau du secondaire. Plusieurs entretiens et focus groupes menés dans cette région et dans la capitale ont mis en lumière que l’implication de chacun de ces deux acteurs est limitée. L’Etat procure des ressources humaines, mais ne fournit aucune aide matérielle. Les rares fonctionnaires de l’éducation qui acceptent de se rendre dans le nord, sont limités dans leur action par le fait que Bangui ne verse plus de crédit de fonctionnement au lycée. De leur côté, les rebelles interdisent la présence d’un agent étatique des finances et collectent eux-mêmes des impôts, mais ne dépensent rien dans l’éducation. Ils se concentrent sur le domaine de la sécurité et n’exercent qu’un pouvoir indirect sur l’école. Les deux forces opposées créent par conséquent deux gouvernances parallèles et incomplètes du secteur éducatif. Ils laissent les acteurs internationaux combler les charges manquantes. Ces derniers, en finançant certains projets, offrent une solution à court-terme, mais font perdurer une situation caduque qui porte préjudice aux élèves. Le fait qu’ils occupent les fonctions essentielles que ni l’Etat ni les rebelles ne remplissent retarde la résolution nécessaire de cette cohabitation problématique. Pourtant, les difficultés majeures auxquelles sont confrontés les acteurs de l’éducation à Ndélé sont engendrées par cette scission du pouvoir. Cette recherche démontre qu’il convient non pas d’étudier la gouvernance des rebelles d’un côté et celle de l’Etat de l’autre, mais de traiter les ressorts et les conséquences de leur enchevêtrement.
Education nationale en territoire rebelle Le cas du lycée de Ndélé en République Centrafricaine
Glawion, Dr. Tim / Anne-Clémence Le Noan (2018): Education nationale en territoire rebelle Le cas du lycée de Ndélé en République Centrafricaine. ABI Working Paper Nr. 10.
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Forschungsbereich:
Sonstiges
Sprache: Français
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